mercredi 4 août 2010

Le temps qu'il faut...

Le Temps... Ce grand ennemi qui nous file entre les doigts, après lequel on court, contre lequel on se débat, le bout du monde n'y change rien, le Temps passe à une vitesse!!! Déjà plus de trois semaines que j'enseigne, et le travail s'accumule sans jamais diminuer, je me sens héroïne de la mythologie grecque, remplissant un tonneau des Danaïdes au bois toujours sec, essayant sans cesse d'aller puiser à la rivière (comprendre ici: internet) une eau calcaire, à peine buvable, (comprendre ici: des ressources pour l'enseignement) qui de toute façon s'est déjà évaporée dès que j'arrive à destination. Première grosse boulette en cours, j'ai voulu parler d'un sujet que je ne maîtrisais pas assez, et que mon élève maîtrisait mieux. Premier rembarrage (gentil) en tant que prof, mon visage rouge écarlate et l'envie de m'enfoncer jusqu'au plus profond des entrailles de la terre, et oublier l'immensité de la connerie que je viens de dire. Heureusement le cours porte sur les proverbes, et hop, on place "personne n'est à l'abri de l'erreur" et "ça arrive aux meilleurs d'entre nous", et on continue le cours dans la bonne humeur et les rires. Mais ce salaud de Temps me rattrape toujours et je me démène contre lui. A l'institut presque tous les jours de 9 heures du matin à 9 heures du soir, et mes cours ne sont jamais assez préparés, assez ludiques, assez intéressants, passionants, renversants. Et pourtant j'y mets du mien! Avec certains élèves cependant c'est plus facile qu'avec d'autres; on le prend, ce Temps qui nous nargue, on le prend pour discuter de sujets qui nous intéressent, pour échanger sur les différences culturelles (que dis-je différences, ce sont d'ailleurs souvent des fossés; que dis-je des fossés, des failles océaniques!), on fouille les sujets en abordant au passage- vite fait, discret, t'as même pas vu ce qu'il vient de se passer- un petit point de grammaire qui pose problème. Mais avec d'autres, plus timides, plus en attente de ce que cette entité suprême qu'est l'enseignant va leur apprendre, le Temps se retourne contre nous et nous regarde, narquois, bardé de coutelas rouillés, avec un sourire sadique, et nous annonce: "et oui, je passe trop vite pour préparer les cours, pas assez pendant les cours!". Et ce même Temps, quand je pars en week-end visiter le cañon du colca, l'un des plus grands cañons du monde parsemé de cultures en terrasses qui datent de l'époque inca, aux mille vallées fertiles et aux oasis verdoyantes, ce même Temps alors file à la vitesse du vent, et ne se retourne pas. Le Temps qui passe, le Temps qu'il faut, le Temps qui gonfle et se dégonfle au-dessus de nos illusions et de nos désillusions, Temps je t'aime, Temps je te hais!!!