jeudi 26 mai 2011

Le mémoire...

Le mémoire... On avait presque eu le temps de l'oublier celui-là, tant on se sentait pris et investis par nos "missions" respectives dans nos stages. Et pourtant, il faut bien s'y mettre. Des heures, des jours et des semaines de lectures, d'organisation des notes personnelles, de classement des données, de rédaction, de phases de désespoir, de "pétages de plomb", puis d'espoir, de foi. Alors c'est la première fois pour moi (le mémoire) et je le confirme, ça joue sur les nerfs quand même. Mon bureau ressemble à la caverne d'un savant fou, des notes éparpillées partout sur la table et sur le sol, des post-it qui recouvrent le mur, pour ne rien oublier (et pourtant j'oublie, je rature, je recommence, je m'énerve, je n'arrive pas à mettre les mots exacts sur mes pensées), on ne peut plus faire un pas devant l'autre! Je souhaite donc tout le courage du monde aux collègues qui sont dans la même situation que moi à l'heure actuelle, et leur donne rendez-vous de l'autre côté du miroir dans quelques mois!

mercredi 2 février 2011

Une saison grise et humide

J'aurais préféré plagier complètement le titre de cet ouvrage d'André Brink (euh, non, finalement, peut-être pas complètement, j'aurais juste gardé la fin du titre...), mais j'aurais menti, et ce n'aurait été que pour narguer mes collègues qui sont restés en Europe. A Arequipa, en été (car c'est bien l'été pour nous), la saison est en effet plus grise et humide. Le soleil se montre parfois timidement dans la matinée pour disparaître complètement à partir de midi, et laisser place à une pluie incessante. Angoisse et tristesse, on rentre du travail sous des trombes d'eau, et il est à peine six heures du soir quand la nuit tombe. Des envies de couette, de chocolat chaud et de Walt Disney se font alors de plus en plus fortes. Mais non, il faut bien aller travailler, alors on marche dans les rues fantômes, tandis que les arequipeniens en vacances se dorent la pilule sur la côte où il fait étonnamment beau et chaud, c'est révoltant! Ok, c'est un peu exagéré, ok, c'est un peu le spleen de la rentrée, quand les ciels bas et lourds pèsent comme des couvercles. Et ça nous donne des envies littéraires, étrangement accompagnées d'un manque d'inspiration, et nous voilà à écrire des billets-édredons, recoudre des bouts de poésie, de littérature, sur un écran aussi glacial que les nuits arequipeniennes. Dans ce cas-là,  vivement l'hiver!

mercredi 22 décembre 2010

lundi 20 décembre 2010

Responsable d'un mois...

Notre directrice est partie en vacances pour un mois en France, quand le chat n'est pas là les souris dansent? Et bien non! Quand le chat n'est pas là les souris travaillent, et elles travaillent dur. Une collègue et moi-même avons été chargées de prendre les rennes administratives de l'institut: gestion des emplois du temps, accueil et informations aux nouveaux élèves, attribution des salles, encaissement des élèves, remise du salaire à l'équipe pédagogique... Bref, nous voici propulsées, en plus de nos parfois plus de 30 heures d'enseignement par semaine au rang de responsables. Gratifiant diront d'aucuns, une expérience extrêmement enrichissante ajouteront d'autres; et tous auront raison. Mais en attendant le retour de la Big Chef, et tant que nous ne sommes pas certaines que tout se sera déroulé sans encombres, c'est aussi et surtout une grosse dose de stress, qu'heureusement la perspective des vacances prochaines vient adoucir...

mardi 14 décembre 2010

Des rencontres culturelles

C'est beau de faire partie de l'évolution d'un projet, de sa création, de sa mise en place, de son développement. Depuis mon arrivée à Arequipa, nous organisons régulièrement (plus ou moins toutes les trois semaines), des rencontres culturelles le samedi après-midi. Au début nous ne savions pas trop comment nous organiser; faut-il des invitations orales ou écrites? Faut-il demander une petite participation (symbolique)? Quels thèmes aborder et comment les exploiter? Faut-il rester en mode "cours", ou favoriser une ambiance plus informelle? De ces mille questionnements, et de nos premiers samedis "cobayes", nous avons appris, nous avons grandi; nos samedis ressemblent vraiment à ce qu'une institution "officielle" (pour ne pas citer l'Alliance Française, dont nous sommes les concurrents directs et qui, eux, ont des moyens, GRRRRR) pourrait proposer. Le système D nous va comme un gant. On fait avec les moyens du bord, et ça marche! A titre d'exemple, la rencontre culturelle de samedi dernier avait pour thème l'art contemporain. Ouh, vaste mot, ouh, vaste programme!! Nous avons donc toutes fait appel à des amis artistes (photographes, peintres, graphistes, dessinateurs, écrivains) et leur ont demandé de nous prêter une ou plusieurs de leurs oeuvres. Nous avons ensuite disposé ces oeuvres (et bien rien que ça, c'est du boulot, je vous le dis, de savoir mettre en valeur des oeuvres) dans toutes les salles de l'institut en un parcours itinérant que nous avons exploré avec nos élèves. Présentation de l'artiste, de sa démarche, commentaires, discussions interculturelles...
A suivre très prochainement, les photos et vidéos de ces rencontres. En attendant, pour les curieux et curieuses, vous pouvez naviguer sur le site facebook de France Conexion Instituto où sont présents (quoique encore un peu en cours d'élaboration) les descriptifs de ces rencontres.

lundi 29 novembre 2010

Premières victoires...

Première victoire d'enseignante, je me souviens pourquoi j'ai choisi ce métier... Une de mes élèves prenaient des cours de français pour se préparer à l'entretien pour Québec. Normalement, c'est une préparation qui se fait en minimum six mois (il faut d'abord parler un minimum français bien sûr, puis bien préparer les questions spécifiques). Je commence les cours avec Elida alors qu'elle ne parle pas un mot de français; puis au bout de trois mois elle m'annonce qu'elle a obtenu sa date d'entretien... dans trois semaines! Nous venons tout juste de finir le Tout va bien!1, et nous n'avons pas encore commencé à préparer l'entretien à proprement parler, ça ressemble bien à une Mission Impossible. Ma responsable et moi sommes d'accord, non seulement elle n'a pas le niveau, mais en plus sa timidité extrême ne facilite rien, c'est triste à dire mais on voit mal comment ça pourrait bien se passer. Nous travaillons donc en intensif (14 heures de cours particuliers par semaine pendant trois semaines), et je la laisse, la veille du jour J, la boule au ventre. Jusqu'au coup de téléphone tant attendu, où Elida m'annonce qu'elle est acceptée, qu'elle a le visa!!!!! Une fierté immense m'envahit, sa victoire c'est un peu aussi la mienne, d'une certaine manière, et cette fierté, et ce bonheur sont ma plus belle récompense jusque maintenant. Et puisqu'un heureux évènement n'arrive jamais seule, une autre de mes élèves que je préparais au Delf B2 et qui a passé son examen la semaine dernière, m'a appellé au sortir de l'examen pour m'annoncer que ça lui avait paru facile, et qu'elle était contente d'elle. Nous attendons les résultats (qui devraient arriver dans deux mois, pourquoi c'est si long??), mais elle semble confiante...
Je sais pourquoi j'aime enseigner!

jeudi 4 novembre 2010

Rentabilité et FLE, quand les mélanges ne font pas bon ménage...

Et si je ne suis pas d'accord? Et si moi, ce n'est pas comme ça que je vois l'enseignement? Quand la rentabilité se confronte à l'enseignement, ça fait parfois des étincelles. Je vous l'ai dit, je n'assure pour l'instant que des cours particuliers, et la plupart de mes apprenants sont ici dans un objectif extrêmement pragmatique: réussir à valider l'entretien proposé par le Ministère de l'Immigration du Québec pour stimuler une immigration positive. Pour cet entretien il faut: bien entendu savoir parler français, mais aussi savoir répondre à toutes les questions classiques sur les motivations, le parcours universitaire et professionnel, et surtout les raisons pour lesquelles le candidat est le meilleur des candidats, que ce sera lui le plus fort, le plus motivé... Donc pour cet entretien, il faut aller vite, très vite dans le manuel, il faut aussi étudier et décortiquer toutes ces questions, il faut savoir parler des valeurs et coutumes du pays d'accueil et les comparer à celles du pays d'origine. Et c'est là qu'intervient cette ombre menaçante, ce mot sur lequel je vomis, qui me débecte et contre lequel je me bats: RENTABILITE. Après une grosse remise en question (du genre je suis la plus nulle des profs, pourquoi j'ai choisi ce boulot, je m'en sortirai jamais...), je demande à ma responsable de venir observer un de mes cours et de me dire ce qu'elle en pense. Pas de bol, le cours qu'elle vient observer est d'une heure (ce qui est très très très court), et mon élève n'a pas fait les devoirs que je lui avais demandé. Or si cette règle du pronom COI n'est pas intégrée et automatisée par les exercices prévus, alors à quoi bon continuer? C'est peut-être stupide, mais voilà, parfois, je ne lâche pas l'affaire. Donc, qu'est-ce qu'on fait? Ben écoute, on les fait ensemble ces exercices, et puis voilà!! Sauf que mon élève est du genre très appliqué, il prend son temps pour répondre, il mesure chacun de ses mots pour ne pas faire d'erreurs, et cet exercice à priori plutôt rapide s'étale en longueur, prend son temps, plus de temps que prévu, sûrement, mais moi l'enseignante je suis plutôt contente; mon élève à la fin de cet exercice a compris, je le sais, et il ne fera pas d'erreurs, et voilà un point sur lequel nous n'aurons plus besoin de nous étaler. Bon, alors je l'accorde, un cours à moitié bouffé par un point de grammaire c'est pas très funky funky. Certes, passons. On continue, c'est l'heure de commencer ma leçon préférée, celle qui parle de la bouffe. Manger c'est ma passion (comme quoi certains rêves sont accessibles n'est-ce pas?), alors cette leçon je la soigne aux petits oignons. J'ai des milliers d'activités ludiques et amusantes, comme par exemple prétendre la cécité dans un des marchés aux multiples couleurs de la ville d'Arequipa, et hop, nous y voilà, on révise: l'impératif, la situation dans l'espace, le lexique de la nourriture. Seulement voilà, cet exercice ne doit et ne peut être mis en place qu'après avoir abordé le lexique de base des aliments, on est d'accord. J'ai pas encore la solution miracle, et parfois il faut bien en recourir au cours magistral, bêtement et simplement. C'est donc ce qu'on doit faire pour le début de cette leçon. Je m'aide quand même du manuel (petite compréhension orale), et pour simplifier un peu la tâche j'insiste sur les correspondances avec l'espagnol. Première écoute; je suis appliquée, je me souviens de mes cours de M1; compréhension globale: je note au tableau Qui parle? Où sont-ils? Que font-ils? Quelle est leur relation? Sont-ils amis, de la même famille? (Le dialogue met en scène une mère et sa fille qui font leurs courses au supermarché). Première écoute donc, et mon élève ne comprend pas tout. On décortique ensemble les informations les plus importantes, on s'aide de l'image du livre pour mieux comprendre le thème abordé par la leçon, et ça y est, c'est déjà l'heure de la fin du cours, et oui! Résumons: sur un cours d'une heure on a eu le temps de:
- automatiser un point de grammaire appris précédemment
- introduire le thème de la leçon qui suit.
Ok, c'est pas beaucoup, et en plus c'est pas très diversifié.Mais pour moi cette heure de cours n'est pas un échec total.
Voici maintenant venue l'heure fatidique: le retour sur la leçon. Un certain nombre de points abordés par ma responsable sont, j'en suis parfaitement consciente, à retravailler. Pas assez de diversité dans les exercices, une tendance a l'éparpillation (je suis bavarde, que voulez-vous), une attitude peut-être trop statique (quoique pour un cours de cet acabit gesticuler dans la salle me paraît peu necessaire)... Mais un point sur lequel je ne suis pas, mais alors pas du tout d accord, c'est sur le rythme d apprentissage. Il faudrait donc que mon élève parle plus vite, peu importe s'il fait des erreurs, pour développer sa fluidite? Mais non! Ce qu'il apprend il l'apprend bien, et ça c'est valorisant pour lui comme pour moi. Il faudrait donc que je recourre plus à l'espagnol pour simplifier les explications grammaticales?? J'ai pour ma part appris l'espagnol en immersion lors de mon année en Bolivie, je serais bien à mal d'expliquer la moindre regle de grammaire de cette langue, mais je sais, par réaction quasi pavlovienne maintenant, que telle phrase est correcte et que telle autre ne l'est pas. Alors mon etudiant je vais lui verser un raz de marée de francais dans les oreilles, en prenant mon temps, et les résultats se verront, je le jure.
Parce qu'apprendre une langue ce n'est pas uniquement savoir répondre a des questions sans saveur et sans âme lors d'un entretien, carajo!
Enseignement et rentabilité, je me souviens de vos cours Madame Tellier, mais la rentabilité ne peut et ne doit pas être vue comme vertu capitale, n'est-ce pas?
NB: Pour précision, je m'entends très bien avec ma responsable, nous sommes très amies, il ne s'agit dans ce billet que de réflexions sur l'approche pédagogique, que l'on s'entende...