La ville de Copacabana, sur les bords du lac Titicaca, dans les Andes du Nord Ouest de la Bolivie, est bien le lieu où se matérialise avec le plus de force le syncrétisme bolivien. Tito Yupanqui, jeune indien aymara, vit dans une famille indigène traditionnelle qui tente, tant bien que mal dans le contexte flottant du XVIème siècle bolivien, de vivre sa religion (le culte de la Pachamama, la Terre-Mère) tout en s'accordant avec les préceptes imposés par la religion des colonisateurs. Un jour qu'il se repose dans sa chambre, tout près du lac endormi, lui vient une apparition; une jeune femme, indienne, tient un enfant dans les bras et le regarde fixement. Omnibulé, obsédé par l'image de cette femme, le jeune homme décide de l'immortaliser. Il se rend par conséquent à Potosi, auprès du maître sculpteur Diego Ortiz, qui lui apprendra les techniques nécessaires à la réalisation de son oeuvre. C'est ainsi que Tito Yupanqui sculpte la fameuse Vierge Noire (ou Vierge de la Chandeleur), une femme représentant à la fois la vierge catholique et la Pachamama, car dans l'esprit de Tito ce ne sont et ne peuvent être qu'une seule et même femme; la Vierge Noire possède par conséquent tous les attributs physiques d'une femme indienne. La légende dit que Tito Yupanqui aurait traîné cette sculpture gigantesque à pied, depuis Potosi jusqu'à sa ville natale de Copacabana.
Aujourd'hui, cette statue représente encore la sainte patronne pour la plupart des andins, et de très fréquents pélerinages sont organisés dans cette ville pour la vénérer. C'est donc sous le regard bienveillant de la vierge andine qu'ont lieu la plupart des baptêmes de... voitures!!! Car une voiture, ou un bus, ne saurait être prêt à prendre la route s'il n'a pas la bénédiction religieuse. Le parvis de l'église de Copacabana est par conséquent le théâtre quotidien de cérémonies hautes en couleurs, où les véhicules sont non seulement arrosés d'eau bénite par les prêtres, mais aussi décorés de ballons, de confettis, et où la musique et la chicha (bière bolivienne à base de maïs) sont de rigueur pour célébrer de toutes les manières cet évènement! Une scène qui pourrait paraître drôle pour des européens, mais qui est courante à Copacabana, et très sérieuse!